lundi 22 avril 2013

La Bienvenue


Il est des jours désespoirs
Où la paix n'a lieu que dans le noir
La lumière éteinte, les volets fermés

Et des nuits blanches et claires
l'on cherche la solitude amère
À défaut de pouvoir l'apaiser

Il est des journées longues comme l'éternité
Et vides comme le futur qui nous est présenté
Où l'on pèse à travers les fenêtres embuées
Chaque larme du ciel qui ne cesse de tomber

Il est des soirs si dérisoires
Où l'on cherche sans trop y croire
Des raisons d'exister à une vie superflue
Dont personne, pas même son âme, n'a voulu

lundi 15 avril 2013

Barcode Battler

Salut les geeks ! Je prépare mes cartons, et pour le moment, à défaut de retrouver ma Gamecube et ma 64, je suis tombée sur une autre vieille machine qui traînait par là. Je parie que personne ne se souvient de cette antiquité-là :



Le Barcode Battler, console portable de 1991, dont le lecteur optique servait à lire les code-barres servant de personnages, points de vie, d'attaque et de défense (et autres bonus pour les code-barres récupérés sur les produits de tous les jours, etc), au sein d'un unique RPG tour par tour disponible sur la machine.



Alors oui, l'idée de départ était originale, mais la console aurait peut-être pu décoller si seulement il y avait eu des efforts de la part des créateurs pour développer un intérêt global, parce que bon, pas de graphismes, pas d'autonomie, pas de son et un prix élevé pour l'époque (500 francs je crois), ça ne donne pas envie de s'y attarder... surtout quand on est gamin, et qu'on a une Gamegear à côté. :o

Bref, c'était la minute retro du jour.

dimanche 7 avril 2013

Trop

Trop réservée pour oser parler
Trop impliquée pour la fermer
Trop effacée pour être remarquée
Trop de traumatismes à exorciser

Trop introvertie pour être un tant soit peu digne d'intérêt
Trop extravagante pour susciter un tant soit peu de respect
Trop emportée par mes émotions pour être impartiale
Trop fem pour être prise au sérieux par des mâles

Pas assez ouverte pour tolérer les discriminations m'entourant
Pas assez de dérision pour digérer l'humour de dominants
Pas assez butch pour trouver sa place chez les LGBT
Pas assez queer, pas assez bi pour vous rencontrer

Épuisée par la communauté geek et ses épreuves
Fatiguée de devoir toujours y faire mes preuves
Et me déguiser derrière un pseudonyme masculin
Pour qu'on ne me traite pas comme une moins-que-rien

Jamais assez fine pour être mince aux yeux du monde
Jamais assez grosse pour être reconnue comme ronde
Jamais assez dans la norme pour rentrer dans un moule
Jamais assez différente, jamais assez cool

Malade de vivre, de faire semblant d'aller bien
Pour ne pas trop inquiéter ce qu'il reste de copains
Malade de souffrir la culpabilisation et la condescendance
D'âmes qui semblent ne posséder ni oreilles ni conscience

Trop forte pour baisser les bras et embrasser la mort
Trop faible pour ne pas pleurer les larmes de mon corps

vendredi 5 avril 2013

Poison d'@vril


Chapitre 1
En Avril...



0100000000: "Qui es-tu?"
17:35


C'était un après-midi frisquet de 1er avril. Comme il y en a tous les ans.

Tu sais bien, ce fameux jour où toutes les blagues, même les plus pourries, sont possibles et où tous les enfants te coursent avec leurs poissons tout moches en papier. Alors que tout ce que tu souhaites toi, c'est qu'on te laisse te perdre dans tes pensées, pendant que ton regard, lui, s'évade à travers la fenêtre la plus proche.
Comment veux-tu qu'ils comprennent, ou qu'ils aient seulement un peu d'imagination. On n'apprend plus aux gosses à rêver. On leur apprend à être de "bons adultes", des gens bien comme il faut. A imiter des modèles de mâles bien hétéros et de femelles bien soumises. À reproduire les comportements de leurs parents parfois. Comme si ces humains taille réduite étaient de parfaits macaques.
Si seulement il y avait une chance que ces pauvres gamins lobotomisés puissent un jour enfin être eux-mêmes en société, au lieu de l'image que cette société attend d'eux.

Mais... je m'éloigne un peu, pardon. Là n'est pas le sujet.

Donc ce 1er avril, je prenais le bus pour rentrer, et un sms venait d'arriver sur mon HTC. D'un numéro que je ne connaissais pas, plutôt bizarre d'ailleurs.
Un 01 suivi d'un nombre interminable de zéros, comme si mon portable était en proie à des bugs que je n'aurai jamais soupçonné. Pensant évidemment à un poisson d'avril comme j'en avais reçu plus tôt par mail ou téléphone, je ne pris pas la peine de répondre à sa question.

En descendant à mon arrêt habituel, le portable se remit à vibrer dans ma poche.


0100000000: "Qui es-tu?"
17:47


C'est qu'il insiste le bougre. Je ne vais quand même pas lui faire ce plaisir de tomber dans le panneau.
J'ignorais donc encore une fois le message, un peu perturbant tout de même.

Deux minutes après, à nouveau :


0100000000: "Qui es-tu?"
17:50

0100000000: "Qui es-tu?"
17:50

0100000000: "Qui es-tu?"
17:50

0100000000: "Qui es-tu?"
17:51

0100000000: "Qui es-tu?"
17:51

0100000000: "Qui es-tu?"
17:51

...


Un poil énervée, je poussais un long soupir. Cette fois il, ou elle d'ailleurs, me spammait de sa question. Le manège dura encore un quart d'heure, vingt minutes, avant que je me décide à lui répondre sur le chemin vers mon immeuble, car l'enflure vidait toute ma batterie. Je sais, je ne suis pas très patiente.


Moi: "Sympa le harcèlement de 1er avril... TOI qui es-tu?"
18:10


Il me répondit presque instantanément.


0100000000: "Je veux te connaître."
18:10


Sans savoir précisément pourquoi, j'eus un très mauvais pressentiment.


Moi: "Ca m'aide pas trop... allez, arrête tes conneries, dis moi qui t'es, s'il te plaît."
18:11


Cette fois, il prit un peu de temps. Alors que je venais d'y entrer, la lourde porte de l'immeuble se referma derrière moi en grinçant.


0100000000: "Je ne sais pas qui je suis. Je veux te connaître."
18:15


Soit il nage en plein délire, soit il se fout bien de ma gueule. Ou les deux. En tout cas je n'ai même plus envie de savoir de qui il s'agit. Je veux juste rentrer chez moi. 

J'eus à peine le temps de finir de monter les escaliers, que déjà un nouveau sms se fit entendre.


0100000000: "Ta porte."
18:17


Surprise, je relevais les yeux du portable, et reculais en voyant une ombre surgir brusquement de la dite porte, puis se précipiter sur moi, horrifiée.



Chapitre2
...ne te découvre pas...




Je protégeais mon corps de mes bras tandis que l'ombre qui était à mes trousses cherchait à me chatouiller par tous les moyens.

"MOUAHAHA poisson d'avril !!!
Tu t'attendais pas à ça, hein, hein, hein !"

C'était Gab', un ami de longue date, qui était également mon coloc, qui avait tout filmé en même temps, mort de rire.

"Roooh la tronche que tu fais ! Alleeez souris à la caméra !"

J'étais encore blanche comme un linge après l'émotion qu'il venait de me faire subir.

"Tu fais chier. Je te déteste." dis-je en riant de bon coeur et déposant mon sac à l'entrée.

"Mais non j'suis adorable !" se défendit-il en continuant de filmer.

"Oui, oui, c'est ce qu'on dit !" soupirais-je en lui faisant les gros yeux : "Tu mets ça sur Youtube et t'es mort mon gars."

Je me réfugiais ensuite dans ma chambre pour allumer mon ordi.

J'étais soulagée... du moins, jusqu'à ce qu'un nouveau vibrement se fit entendre.


0100000000: "Ta porte."
18:23



Je sortis en trombe, furieuse:

"Hé, Gab', c'est plus drôle là ! Et puis d'ailleurs, j'aimerais bien savoir comment tu fais pour avoir ce numéro?"

Il continuait à geeker tranquille dans la pièce principale.

"...hein? Mais, de quoi tu parles?" demanda-t-il d'un air sérieux.

Il mit son jeu en pause, et je lui montrais le dernier sms reçu, ainsi que ceux qui le précédaient.

"Y'en a un qui à l'air de bien s'amuser. En tout cas, j'ai rien à voir avec ça, je te promets... pour une fois que c'est pas moi." dit-il en souriant du coin des lèvres.

"Ok, je t'ai à l'oeil."

Je me remis en route vers ma chambre. Avant que je franchisse le couloir, je me fis à nouveau spammer.
 


0100000000: "Ta porte."
18:27



Mon coloc sourit, et crut rassurant d'ajouter :

"Tombe pas sur un psychopathe, hein. J'te connais, tu les attire comme des mouches."

Je haussais les épaules : "Ma chance légendaire, quoi."

C'est alors qu'un grattement se fit entendre, comme par hasard, du côté de la porte d'entrée.
Gab baissa le son pour mieux entendre.

"...hm?"
,
"Chuuut... on sait jamais." lui lançait-je d'un oeil inquiet, un peu frissonante.

"Tiens justement, on dirait que c'est ton ami. Il pourrait pas toquer à la porte?" chuchota-t-il. "Je vais aller voir pour toi sale peureuse !"

"Ok."

Intrigué par le curieux personnage qui se tenait juste derrière, il se pencha, regarda furtivement à travers le trou de la serrure, et lâcha :

"Oh putain."

Il se retira lentement, le visage livide, me chuchotant :

"C'est inhumain, Liz', regarde ça."

Tremblante, comme mon portable qui continuait à vibrer sans cesse, je m'approchais, et laissais à mon tour mon oeil satisfaire sa curiosité.




Chapitre3
...d'un fil. 



"Qu'est-ce que... ?!?"




Je distinguais la chose. Complètement abstraite. Quelque chose d'à la fois terrifiant et extraordinaire. Une sorte d'entité immatérielle, mais à la forme plus qu'humaine.
Un être humain constitué uniquement de fumée tantôt grisâtre, tantôt blanchâtre. Une fumée statique par endroits, et par d'autres s'évaporant comme le ferait la fumée d'une cigarette.

Je ne sais pas comment, mais je pouvais sentir sur moi le regard de cette chose aux yeux vides. Dont je ne pouvais plus décrocher les miens. Puis je me rappelais que j'avais un coloc tétanisé juste à côté :

"Dis-moi que j'ai halluciné, pitié... sinon on fait quoi, le 17?!"

Puis ça a encore vibré.


0100000000: "Laisse-moi entrer Liz'."
18:33



Et voilà que maintenant il connaissait mon prénom. Et je flippais encore plus.


Moi: "Je suis désolée mais je ne peux pas te laisser entrer. Tu nous fais peur. Va-t'en, s'il-te-plaît."
18:34


Alors que je finis d'envoyer le texto, de la fumée commençait à s'infiltrer sous la porte, juste aux pieds de Gab'.

"MERDE MERDE MERDE t'as fait quoi !!!" s'écria-t-il en s'écartant avec précaution.

Je haussais les épaules.

"Ben, je lui ai gentiment proposé de s'en aller."

"T'aurais pas pu appeler les pompiers plutôt que répondre à ce... truc !" ironisa-t-il, maussade, tout en me tirant le bras vers la salle de bain, qu'il ferma à clé derrière nous.

On se mit à "barricader" les entrées d'air de la porte avec le plus de machins possibles. Tous les produits de toilettes, les brosses et le maquillage y sont passés.

Il me chuchota: "Bon, ici il aura déjà plus de mal à se faufiler... sauf si on ouvre la fenêtre et qu'il décide de passer par l'ext..."

Sans réfléchir je lui mis un pain.

"TA GUEULE il nous écoute ! Il voulait me connaître, c'est la dernière chose que je voulais, et à cause de toi il en sait déjà un peu, à savoir mon prénom ! Et toi, soit-disant tu veux qu'on s'en sorte, mais tu lui donne des conseils pour nous chopper, nous assassiner ou je ne sais quoi ?!" le réprimandais-je.

Il baissa la tête : "Ouais bon, désolé je savais pas que ce truc avait aussi des oreilles..."

Gênée de ce moment de stress intensif, je m'excusais à mon tour en lui tapotant l'épaule: "Pardon pour m'être emportée, mais voilà, fais juste plus attention maintenant, parce que c'est peut-être nos vies qui sont en jeu, là, tu comprends?"

Je ressortais mon smartphone pour voir où le monstre en était.


0100000000: "Où es-tu Liz'?"
18:42



Je me retenais le plus possible de répondre quelque chose de bien grossier. C'est alors qu'une idée me vint en tête pour nous sortir de ce pétrin...