mardi 7 mai 2013

L'Histoire de Mary Read


Au début du XVIIIe siècle, Mary Read fut une célèbre pirate. Elle est née à Londres vers 1680. Sa mère aurait eu une aventure après la disparition de son mari, un officier de marine. Pour continuer à toucher la pension de la grand-mère de Mary, elle dissimule la mort de son fils aîné, le seul héritier légitime, et fait passer sa fille adultérine pour l'enfant disparu. Mary, élevée comme un garçon, ne s'est jamais habillée autrement qu'en homme. Elle devient fantassin dans un régiment d'infanterie lors d'une campagne dans les Flandres, puis épouse un autre soldat. Tous deux quittent l'armée, et tiennent une modeste taverne, The Three Horseshoes, en Hollande.

Mais, quatre ans plus tard, Mary, devenue veuve, ferme l'auberge, se fait à nouveau passer pour un homme et reprend la mer. Elle s'engage à bord d'un navire marchand sous le nom de Willy Read. Le navire est attaqué et capturé par les pirates irlandais. Elle aurait alors intégré les rangs de ces pirates qu'elle aurait accompagnés jusqu'à New Providence aux Bahamas. C'est au cours de ce voyage que sa route croise celle de Jack Rackham, et d'Ann Bonny, sa compagne, qui elle aussi se déguisait en homme, se faisant appeler Adam Bonny.

Il est peu probable que la présence de deux femmes à bord, le pire des maléfices pour un marin, soit restée longtemps ignorée de l'équipage. Leur bravoure au combat et leur cruauté sans égale leur ont, sans doute, valu le respect et la crainte de leurs compagnons sans foi ni loi.

Peu de temps après, plusieurs bâtiments de guerre britanniques sont envoyés à leur poursuite. Mais il en faut plus pour impressionner Rackham, Ann Bonny et Mary Read. Plus téméraires et féroces que jamais, ils attaquent et capturent sans relâche les navires qui passent à portée de canon.

Capturé dans un des navires, un charpentier du nom de Matthews deviendra l'amant de Mary et le père de son enfant. L'un de ces navires est le Royal Queen, appartenant à Chidley Bayard, l'ancien amant d'Ann, et commandé par le capitaine Hudson. Ann parvient à séduire Hudson et à le convaincre de la prendre avec lui à bord de son navire. Une fois à bord, elle réussit à éviter de passer la nuit avec lui en le droguant. Elle asperge alors avec de l'eau toutes les mèches des canons, et retourne avec les pirates. Le jour suivant, le Revenge engage le combat avec le Royal Queen, alors incapable de riposter. La bataille fera une seule victime : le capitaine Hudson, tué par Mary.

Lorsqu'en octobre 1720, le navire de Rackam, surpris à l'ancre, tombe aux mains du capitaine Barnet, ancien pirate lui-même, chargé par le gouverneur de la Jamaïque de capturer le brigantin et son équipage, seules les deux femmes se battent furieusement : les hommes, fins saouls, se cachent dans la cale. On raconte que, de rage, Mary décharge ses pistolets sur eux et en blesse un grand nombre avant d'être maîtrisée.

Ann Bonny et Mary Read, ayant avoué être des femmes, sont jugées lors d'un second procès séparé, après que la bande de Rackam a été pendue. Condamnées malgré tout à la potence, elles échappent l'une et l'autre à la corde en révélant être enceintes. C'était une pratique de l'époque : personne n'aurait osé tuer un foetus, que l'on considérait comme un être vivant pas encore né, innocent des crimes de sa mère.

Mary meurt en prison, emportée par la fièvre en 1721. Ann Bonny, quant à elle, disparaît mystérieusement des rapports officiels après avoir été graciée. Nul ne sait ce qu'elle devint. Ann Bonny et Mary Read hantent encore les archives coloniales de l'Amirauté britannique de la Jamaïque où leurs carrières respectives de femmes-pirates sont consignées. Et reviennent parfois errer en mer des Caraïbes...

L'Anglaise Mary Read sait que le seul moyen d'échapper à la misère et de vivre ses rêves d'or est de se travestir en homme. Elle eut une vie mouvementée de celle qui bâillonna ses seins et remisa ses jupons pour manier le pistolet. Femme palimpseste aux noms et prénoms empruntés à des hommes disparus - son frère et son mari -, elle frappe, fend et tue tout ce qui se présente au bout de son coutelas comme pour démontrer qu'elle est égale, voire supérieure, à ses alter ego masculins. On raconte qu'avant d'achever un homme qu'elle venait de vaincre, Mary lui dévoilait sa poitrine ou son sexe pour lui montrer qu'une femme pouvait se battre tout aussi bien qu'un homme.




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