mardi 13 novembre 2012

Chroniques de Makiavel


Acte I

Bleu Sang



02 Octobre 2015


« (…) La normalité. Un mot comme d'autres. Mais que signifie t-il, que se cache-t-il derrière ces lettres?
Être normal, ou être comme tout le monde. Dans ce cas, pourquoi dit-on que chacun est unique?
Comment peut-on définir quoi et qui peut être normal? (...) »



1. Seichi


Des étoiles qui filent dans le bleu de la nuit.
Les reflets d'une Lune de sang qui luit.
Le bruit sourd des tambours.
Trois heures avant le jour.


« Bienvenue sur le chemin des Limbes du Makiavel, ma petite Alice au Pays des Cauchemars. En espérant que tu apprécies ton séjour autant que tes prédécesseurs. »

L'ombre aux yeux rougeoyants et aux longues oreilles velues esquissa un sourire narquois, laissant paraître la blancheur de ses dents pointues, avant de s'enfuir en bondissant dans les ténèbres d'où elle fût venue.


Le bleu se fait morose.
Les pupilles se reposent.
Un trou sans fond.
Le noir le plus profond.



04 Octobre 2015


« (…) Si être normal signifie être banal, alors je préfère l'anormalité. J'ai jamais rien fait comme les autres, et c'est un peu ce qui fait ma fierté. Brûler leurs codes, qu'ils soient vestimentaires, comportementaux, sexuels.
Non pas que je m'en vante. C'est ma façon de m'affirmer. D'être fière de ma liberté d'agir et de penser. Et je ne voudrais la changer pour rien au monde (…) »




2. Kishou


Des mots. Dits, écrits, criés, jetés.
Des corps. Enlacés, défaits, dos à dos, démembrés.
Du sang. Froid, chaud, rouge, bordeaux.
Des larmes. De joie, de tristesse, d'incompréhension, de haine.
La passion, dans ce qu'elle a de plus puissant.


Médolie se réveillait douloureusement de sa nuit agitée. La jeune femme soupira longuement, ouvrit péniblement ses grands yeux sombres teintés de fard charbonneux, ses paupières qu'elle avait oublié de démaquiller avant de tomber de sommeil, et vit...



05 Octobre 2015


« (…) On me dit bizarre, ou extraordinaire. Discrète, ou excentrique. Littéraire, ou scientifique. Facile, ou coincée. Caractérielle, sans caractère. Complexe à déchiffrer. Tout et son contraire à la fois.
Pourquoi toujours chercher à me classer dans telle ou telle catégorie? Je suis indescriptible, et c'est peut-être ce qui fait de moi quelqu'un qui ne ressemble à personne d'autre.
Un psy commencerait à parler de double personnalité : je tiens à préciser à celui-là que je ne suis pas schyzo. Je suis bel et bien seule dans ma tête.
Et, la plupart du temps, dans la vie aussi... malgré les amis, les amours, la famille, la solitude est bel et bien présente en moi... et y restera. (…) »



3. Sora


La lumière.

Les pupilles s'épanouissent.


Un ciel onirique, aux nuages sombres émeraudes, teinté de rouge amarante et de vive turquoise, parsemé d'oiseaux colorés. Des dizaines, puis des centaines d'autres créatures volatiles indiscernables se rejoignaient, et semblaient se mener une bataille sans fin à travers la peinture des cieux. Une guerre faite d'énergies contraires mais complémentaires, de feu colère, de glace indifférence, d'eau sagesse et de tonnerre dynamisme.

« Oh, ça, ce n'est encore qu'un rêve. »

Encore à moitié assoupie, mais ébahie devant ce tableau fabuleux qu'elle scrutait avec attention, Médolie songea un instant à se rendormir pour mieux se réveiller, puis après une courte réflexion, elle se dit : « Cauchemar ou pas, ce rêve a l'air de valoir le coup d'être rêvé pour une fois ! C'est pas tous les jours que j'ai droit à une peinture céleste en mouvement imaginée par un fou tout droit sorti de l'asile ». Elle s'étira tout en roulant sur elle-même, et alors seulement, elle réalisa ses courbatures, puis ce sur quoi elle reposait, un plancher de pierre au beau milieu de la nature.

« Roh putain j'ai mal partouuut ! » grogna t-elle.

« Et moi donc... la vulgarité en moins » lui répondit une voix masculine toute proche. « Bon, maintenant que t'es enfin réveillée, tu vas peut-être pouvoir me dire où on est ?? »

Elle se leva difficilement et scruta d'un œil noir, au sens propre comme au figuré, l'étranger en chemise blanche assis à quelques mètres d'elle, qui semblait la fixer depuis un bon moment.

« ...Non mais t'es qui toi ? On se connaît ? Tu fous quoi dans mon rêve ? »

L'homme, visiblement âgé d'une trentaine d'années, explosa d'un rire nerveux :

« TON rêve ! Haha ! Cette prétention ! J'en reviens pas ! Surtout que tu viens à peine de t'éveiller ! Ben écoute, qu'il s'agisse du tien ou du mien, peu importe, mais moi j'aimerais bien que tout ça ne soit qu'un rêve ridicule ! Parce qu'apparemment... euh...»

« Apparemment quoi ? »

« Non rien... tu verras par toi-même. »

« Mh okay, encore un qui à quelque chose à cacher... »

« …et encore une blasée de la vie ! Bref... on pourrait ptêt se calmer et faire les présentations non ? »

En détournant le regard, elle s'assit sur la pierre encore chaude de la température de son corps et déclara : « J'aime pas les gens, mais à toi l'honneur monsieur le dissimulateur. »

L'inconnu hocha la tête : « Mon dieu quel caractère de... bref, moi c'est Chris, 32 ans... et toutes mes dents » fit-il en esquissant un rictus pour prouver ses dires.

« Ok, Chris. Appelle-moi Alice. On est d'accord, c'est un endroit plus ou moins agréable ici, mais il faudrait penser à retourner chez moi... enfin chez t... pardon chez nous c'est plus simple... »

« Ouais, bah ma chère Alice, on va attendre un peu, que tu te réveilles complètement vu comment tu es encore dans les vappes...»


06 Octobre 2015


«  (…) Mais ce ne sont que des on-dit, de « on » qui ne cherchent qu'à rabaisser l'autre dans le but de remonter la propre estime de lui-même, ou lui lancer des fleurs pour en recevoir en retour.
Depuis  le premier jour de mon existence,  je suis consciente que chaque geste du quotidien n'est jamais totalement désintéressé.
Depuis peu, je suis consciente que cela est valable également pour toutes les choses de l'amour.
Nous sommes humains, après tout. Des êtres qui se soucient guère de l'avenir du monde et ne regardent que ce qu'ils ont laissé derrière eux. (…) »

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